Le cours du professeur Michael Kempa allie le travail de journalisme et de recherche universitaire

Publié le mercredi 10 mai 2017

Michael Kempa

Michael Kempa explique comment les universitaires peuvent être plus efficaces et proactifs avec l'industrie des nouvelles et décrit le laboratoire expérimental qu'il a fait avec les étudiants de maîtrise en criminologie. (Toronto Star)

Extrait de l'article paru dans le Toronto Star :

« À l'Université d'Ottawa, le professeur de criminologie Michael Kempa essaie d’aller dans cette direction. Avec le temps, le professeur Kempa constate qu'il passe de plus en plus de temps à répondre aux questions des journalistes, puisque les enjeux de police et de sécurité dominent maintenant l’actualité.

Bien que content de le faire, il faut savoir qu’on s’attend à ce qu’un professeur consacre 40 % de son temps à l’enseignement, 40 % à la recherche et 20 % à l'administration. Au fur et à mesure, les demandes d'entrevue nécessitent toujours plus de son temps, parfois équivalent à une journée entière de travail par semaine. Deux questions s’imposent alors : Où se situe la part du travail qu’il consacre aux médias et quelle en est sa valeur pour l'institution?

En voulant comprendre comment être plus efficace et proactif relativement à l’actualité, Kempa entreprend un programme de journalisme innovant sur une période de huit mois, Munk fellowship, à l'Université de Toronto en 2012. En plus d'apprendre à produire du matériel lui-même (il a ensuite écrit une enquête spéciale pour le magazine The Walrus sur le contrôle civil de la Gendarmerie Royale du Canada dont il est finaliste pour un prix en 2015), il retourne à l'Université d'Ottawa, convaincu que le journalisme peut être combiné avec le travail de recherche universitaire.

Il commence à proposer des articles et des idées aux médias plutôt que de simplement répondre aux journalistes et utilise parfois le journalisme comme un moyen de faire progresser ses propres recherches.

Aujourd’hui, il veut partager ces compétences à d'autres universitaires. Cette année, il a dirigé un laboratoire expérimental avec des étudiants de maîtrise en criminologie pour tester ses idées et espère les développer à l’échelle de la Faculté des sciences sociales. Persuadé que toutes données de chercheur peuvent mener à un sujet d’actualité, et qu'avec le soutien et rétroaction en salle de classe, le chercheur peut arriver à livrer un contenu d’intérêt général pour le grand public.

L'idée est de transformer la vision des professeurs universitaire afin qu’ils réfléchissent à leur domaine de manière plus journalistique. Quelles parties sont souvent reprises par les médias? Que peuvent-ils ajouter pour faire avancer le débat public? Comment écrire une lettre d’opinion et de courts reportages?

On se demande ce qui les motive à apprendre cette expertise? Ce que Kempa a trouvé, tout comme Rauhala, se situe au niveau d’un réel besoin d'exposer les gens à ce qu'ils trouvent si pertinent dans leurs domaines de recherche.

Il cite son propre domaine : « La criminologie en sciences sociales se penche sur le pouvoir et les bénéfices pour les êtres humains comparativement à la souffrance; des thèmes intrinsèquement intéressants. Malheureusement, la façon dont nous l'écrivons est beaucoup plus pour un public académique, ce qui n’est pas toujours accessible pour le grand public.

Certains universitaires pourraient continuer à mettre en œuvre leur apprentissage lorsque le cours est terminé et produire plus d’éléments médiatiques; d'autres pourraient simplement faire ce qu'ils voulaient faire depuis longtemps, dit-il. «Je pense que la nouvelle génération d'universitaires est beaucoup plus intéressée par l'implication constante des médias, mais n'a pas nécessairement les compétences ou ne sait pas comment commencer ».

Plus les chercheurs en apprennent sur les médias, Kempa espère qu'ils commenceront à y penser dès le début de leurs projets de recherche, en mettant eux-mêmes l'accent, ou peut-être en collaborant avec un journaliste dès le départ pour concevoir la recherche en tenant compte à la fois de l’aspect académique et médiatique, tout en s'appuyant sur l'expertise de chacun.

Très souvent, les sciences sociales s'arrêtent exactement au moment où commence le journalisme d'investigation. Les universitaires regardent la structure et les idées qui permettent de faire ressortir toutes sortes de choses, puis les journalistes qui enquêtent se l’approprient et remettent en question les personnes responsables.

«Ensemble, nous arrivons à couvrir le sujet en entier. »

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