Leia Atkinson, qui a fait sa maîtrise (M.A, anthropologie culturelle) et son baccalauréat (programme joint, anthropologie et sociologie, cum laude) à l’Université d’Ottawa, partage avec nous ses intérêts de recherche, qui l’ont conduit au Japon.
Décrivez votre recherche et ce qui vous a séduit par le sujet.
Ma recherche au niveau de ma maîtrise porte la question du genre, l’économie et les problèmes de jeunesse à Tokyo, que j’ai regardé sous l’optique de la mode Lolita au Japon; une subculture où les femmes s’habillent en vêtements des périodes rococo ou victorienne, et assistent aux défiles de mode et des « tea party ». C’est une tendance très coûteuse, et comme il y a beaucoup d’associations négatives s’y rattachant, je voulais comprendre pourquoi les femmes décident de s’habiller ainsi et comment ce choix affecte leur vie quotidienne. D’autant plus que la mode Lolita a émergé pendant une période qui m’intéresse particulièrement (les années 1990). La recherche que je fais au présent comprend une étude sur le travail, l’identité et la participation sociale des jeunes de Tokyo. Je le fais en coopération avec un professeur d’uOttawa.
Comment était le processus de déménager et commencer vos recherches dans un autre pays?
Ayant fait des recherches au Japon à deux reprises, je dirais que chacune de mes expériences ont différées énormément, à cause des circonstances et de la recherche que je faisais. La première fois que j’ai fait des recherches sur le Japon, j’étais relativement libre; je vivais dans une maison partagée et je travaillais avec un groupe appartenant à la sous-culture. En m’habillant en Lolita, en ayant un peu de connaissances sur cette sous-culture et en visitant des endroits populaires pour les femmes Lolita, c’était vraiment facile pour moi de m’immerger dans le domaine qui m’intéressait.
Cependant, la recherche que je fais présentement s’avère plus complexe. J’observe les mouvements sociaux, qui peuvent être extrêmement changeant à Tokyo. Malgré la difficulté, grâce à mes contacts, je suis parvenue à établir un sujet de recherche sur lequel je peux me pencher. Selon moi, la recherche de terrain est comme un casse-tête à résoudre, mais vous avez accès qu’à un morceau à la fois. Éventuellement, vous arrivez à le compléter.
Vous êtes une Canadienne habitant au Japon. Que sont les plus gros défis culturels pour vous?
Je poursuis non seulement la recherche, mais je travaille aussi à temps plein pour la Tokyo Metropolitan Board of Education. C’est mon premier emploi, alors je crois qu’un de mes plus grands chocs est définitivement l’environnement de travail japonais. Que ce soit dans les compagnies ou écoles japonaises, les heures de travail sont extrêmement longues, il y a beaucoup de réunions qui semblent ne produire aucun résultat, l’emphase est mise plutôt sur le travail d’équipe plutôt que la performance individuelle. Travailler dans un tel système m’a posé un grand défi, mais je suis persuadée que cela m’a rendu une meilleure anthropologue : je suis adepte à comprendre la vie quotidienne des travailleurs Japonaises. En plus, je suis plus flexible, et capable d’adapter en situations difficiles.
Quel est votre moment préféré parmi toutes vos expériences de voyage?
Il y en a plusieurs, y compris les visites de magnifiques temples, les randonnées à pied et la délicieuse nourriture japonaise. Il y a aussi les rencontres incroyables des gens d’ici, y compris des amis, collègues de travail et étudiants. Ils ont tous, à leur façon, laissé un impact dans ma vie. En vivant ici, j’ai dû faire face à plusieurs défis : la frontière de langage, me rendre compte de mes propres limites et remettre en question ce que je considère comme étant « la norme ». C’est bien d’apprendre des notions dans le cadre d’un cours, mais c’est tout autre d’arriver à les vivre. Je crois que mes expériences ici m’ont rendu plus forte, même si ce n’a pas toujours été facile. Je suis très heureuse d’avoir vécu cela.
D’après vous, pourquoi est-il si important d’étudier ou poursuivre ses études à l’étranger?
Je crois que tout le monde devrait vivre à dans un autre pays, au moins une fois dans sa vie! Sans aucun doute, ce sera une expérience des plus éprouvantes et bouleversantes qu’il vous sera donné de vivre. Bien que ce ne soit n’est pas toujours facile ni amusant, je dirais que c’est la différence entre voyager comme un touriste par rapport à vivre comme un résident, en gagnant une compréhension beaucoup plus profonde du pays et de sa culture. Je ne sais pas ce que le futur me réserve, mais je sais que mes expériences au Japon, en Thaïlande et aux États-Unis m’ont complètement changé et ont fait de moi qui je suis aujourd’hui. Ces voyages m’ont assurément élargi l’esprit de même que ma perspective sur le monde et continueront de le faire toute ma vie.